5 questions à Christophe Leca, médiateur et huissier de justice
Christophe Leca est huissier de justice en Corse et médiateur depuis 2005. Il a créé en 2006 le Centre multiprofessionnel de médiations, dont le siège est situé à Bastia.
Quel est l’intérêt de la médiation ?
La médiation permet de trouver des solutions rapides, efficaces, pérennes, en toute confidentialité, de manière encadrée et en toute légalité. Elle va avoir un grand rôle à jouer car la justice doit se réformer. En effet, aujourd’hui, la justice est devenue une « administration judiciaire », engluée dans le droit pour le droit, avec des délais infernaux et inadéquats avec le monde économique ou affectif réel.
Cette administration sait qu’elle doit se réformer. Elle le fera car elle n’a plus le choix. Malheureusement, cela risque de passer par une très forte numérisation, et donc une déshumanisation. Or, n’oublions pas que la justice est faite pour des Hommes et non pour des machines. Il faudra donc impérativement la réhumaniser. Cette nouvelle forme de justice pourra être rendue rapidement pour des conflits non complexes, ce qui est une bonne nouvelle sans doute, mais elle risque d’être rendue trop rapidement et de manière sans doute imparfaite pour d’autres conflits car la machine, même dotée d’intelligence artificielle, n’arrivera pas à régler le conflit mieux qu’un médiateur avec des parties autour d’une table ronde.
Qu’est-ce qu’un bon médiateur ?
Une personne qui est – réellement – formée à la médiation, et qui écoute !
Un conseil à ceux qui souhaiteraient pratiquer la médiation ?
Lancez-vous tout de suite après votre formation. Pratiquez des médiations sans modération, dès que vous le pouvez. Dès que vous sentez dans une explication que les aspects « non techniques » sont aussi importants, voire plus que ces derniers, c’est qu’il faut tenter une médiation. Quel risque avez-vous ? Quel risque pour les parties ? Aucun ! Elles ont, au contraire, tout à y gagner : outre la paix retrouvée, du temps et de l’argent.
Préférez toujours une solution pragmatique rapide à un magnifique jugement ou arrêt qui sera étudié dans les facultés tant il est beau en droit, mais qui n’aura pu être exécuté – et donc qui aura donné un ressenti détestable aux parties en cause sur le concept de justice.
Pourquoi avoir adhéré à la Compagnie des Médiateurs de Justice de France ?
J’ai été parmi les premiers adhérents à la CMJ de France. Je l’ai fait dès que j’ai été admis sur la liste des médiateurs judiciaires de la Cour d’Appel de Bastia. D’autres membres du centre multiprofessionnel de médiations, que je préside, y ont également adhéré. La formation de ce groupe donne corps à la direction de la CMJ, qui est force de proposition et de représentation auprès de la chancellerie, mais aussi des grands acteurs économiques.
Quel est l’intérêt pour un médiateur d’adhérer à la CMJ ?
Adhérer à la CMJ de France permet de se retrouver dans un groupe partageant les mêmes centres d’intérêt et pouvant se rendre visible ou se prescrire les uns les autres en cas de besoin, sur une échelle nationale, en dépassant nos cadres régionaux ou micro-régionaux.
Centre multiprofessionnel de médiations :
35 Boulevard Paoli, 20200 Bastia
04 95 55 15 53